Changer la culture de la GRC – Goodale
Par
RAPPORT DE RALPH GOODALE
Commentaire du député de Regina-Wascana et ministre canadien de la Sécurité publique et de la Protection civile
Le 13 Jul 2018
LA TÂCHE MASSIVE DU CHANGEMENT CULTUREL À LA GRC
Des membres de la Gendarmerie royale du Canada pleurent la perte tragique d’une ancienne collègue, Krista Carle, qui a subi des abus sexuels et autres dans son milieu de travail. D’autres membres souffrent de traumatismes liés au stress post-traumatique en raison de ce qu’ils ont vécu au travail, y compris du harcèlement de toutes sortes ainsi que de la violence sexuelle.
La « Mountie » à la tunique rouge est un symbole emblématique du Canada reconnu dans le monde entier. Les meilleurs services de police et de sécurité dans d’autres pays reconnaissent que la GRC est exceptionnellement douée dans les services de police internationaux, nationaux, provinciaux, territoriaux et municipaux – pour assurer la sécurité des Canadiens et protéger nos droits et nos libertés. Les Canadiens sont très fiers du travail et des sacrifices faits par les membres de la GRC et leurs familles.
En temps de crise, les compétences et le courage de la GRC sont essentiels au bien-être des Canadiens.
Tout récemment, pensez à ces cinq jeunes officiers qui ont arrêté la fusillade et rétabli la sécurité à La Loche, (SK). Pensez aux membres de la GRC qui ont dirigé l’évacuation de milliers de personnes de Fort McMurray, alors même que leurs propres maisons brûlaient. Pensez à l’équipe qui a intercepté un terroriste violent à Strathroy, en Ontario, alors qu’il préparait un attentat pour causer des ravages. Pensez à Mayerthorpe et à Moncton, et plus encore.
Au milieu de cet héroïsme, de ce service et de ce sacrifice, la Gendarmerie est également confrontée à la dure réalité du harcèlement interne au travail, de l’intimidation et de l’inconduite sexuelle. Un tel comportement est tout à fait inacceptable. Ça doit cesser. Et ceux qui souffrent d’angoisse mentale en tant que victimes doivent avoir accès à l’aide et au soutien dont ils ont besoin pour guérir.
La GRC est une organisation très vaste, de quelque 30 000 personnes, avec 145 ans d’héritage paramilitaire à prédominance masculine. Changer sa culture pour garantir des lieux de travail modernes, inclusifs, sûrs et sains n’est pas un événement unique à accomplir à un moment donné; c’est un processus qui doit être poursuivi sans relâche.
La poursuite de la réforme est l’un des principes fondamentaux de la lettre de mandat que j’ai remise à la nouvelle commissaire, Brenda Lucki, ce printemps à sa nomination.
Cinq éléments essentiels sont nécessaires pour réussir la réforme interne de la GRC. Les victimes doivent se sentir habilitées à signaler les abus quand elles les subissent. Les enquêtes doivent être rapides, approfondies et crédibles. Une discipline significative doit être imposée aux auteurs. Les victimes ont besoin de soins appropriés. Et des plans solides et en constante évolution doivent être mis en place pour prévenir d’autres fautes.
Le processus de changement culturel est en cours.
Une nouvelle loi a été promulguée pour permettre aux membres de la GRC – pour la toute première fois – d’être représentés par un syndicat de leur choix et de négocier collectivement. À l’heure actuelle, un certain nombre de groupes sont en concurrence pour obtenir le droit d’être accrédités en tant que syndicat et pour mettre en place de solides procédures de règlement des griefs.
La GRC a présenté des excuses officielles à toutes les victimes d’agression sexuelle dans ses rangs et un règlement de 100 millions de dollars de recours collectifs, impliquant des milliers de plaignants, est maintenant mis en œuvre sous la surveillance de l’ancien juge Bastarache de la Cour suprême.
Deux rapports d’experts ont été commandés récemment par notre gouvernement sur des questions structurelles et de gouvernance touchant la GRC. Nous les avons rendus publics. Entre autres choses et conformément aux analyses précédentes, ces rapports exigent une plus grande surveillance civile dans la gestion de la Gendarmerie, l’utilisation stratégique du talent et de l’expertise civils et l’arbitrage externe indépendant des situations de harcèlement et d’abus sexuels.
La commissaire Lucki et le gouvernement sont déterminés à donner suite publiquement à ces recommandations avant la fin de 2018.
Dans le recrutement et la formation de nouveaux membres de la GRC, nous devons nous efforcer de créer une force plus équilibrée entre les sexes et reflétant plus pleinement la diversité du pays. Parmi les compétences complexes requises des policiers modernes, il y a le respect indéfectible des collègues et le droit de chacun de fonctionner dans un milieu de travail sain et sécuritaire.
De par la nature même de sa carrière, un agent de la GRC sera appelé à affronter des situations traumatisantes et angoissantes. Leur lieu de travail ne devrait pas être l’un d’entre eux.
Chaque fois qu’un traumatisme fait des ravages, quelle qu’en soit la cause (y compris la violence en milieu de travail), la Gendarmerie doit avoir la capacité de reconnaître le traumatisme et de s’assurer qu’une aide et un soutien appropriés sont fournis. Cela signifie qu’il faut diagnostiquer correctement le stress post-traumatique, éliminer les stigmates, rendre le traitement et les soins facilement accessibles et rétablir la sécurité et la santé des gens.
Des recherches plus approfondies sont nécessaires, ce qui mènera à des connaissances de calibre supérieur sur le stress post-traumatique chez les policiers. À cette fin, la GRC mène une étude longitudinale de 10 millions de dollars sur l’expérience réelle en milieu de travail afin d’en apprendre le plus possible sur les causes et les conséquences des traumatismes liés au stress.
Le dernier budget fédéral est allé plus loin – 20 millions de dollars supplémentaires sont investis dans la recherche sur le stress post-traumatique concernant les travailleurs d’urgence de toutes sortes, plus 10 millions de dollars pour l’aide et le traitement en ligne pour ceux qui travaillent dans des régions éloignées. L’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique est un participant clé de ce travail, tout comme les Instituts de recherche en santé du Canada.
De plus, ce dernier budget prévoyait également 23 millions de dollars pour corriger les lacunes spécifiquement identifiées par le vérificateur général dans les services de santé mentale fournis par la GRC à ses membres.
La route vers le changement culturel implique tous ces éléments et plus encore. Des mesures utiles ont été prises. Davantage sera nécessaire pour assurer un environnement opérationnel interne sain et sûr, professionnel, compétent et direct, équilibré entre les sexes, diversifié, inclusif et vraiment respectueux.
Ce ne sera pas facile. Mais nous le devons à ceux qui ont souffert de ne pas céder jusqu’à ce que cette nouvelle culture prévale.